« Le mot violence vient du latin vis, qui désigne : l'emploi de la force sans égard à la légitimité de son usage. Il n'a jamais été question dans ce travail de montrer la violence, les violences, mais plutôt d'en suggérer les conséquences, afin d'interpeller l'intime du spectateur. L'idée de croiser les regards et les formes artistiques est venue progressivement comme différentes traces, d'un passé plus ou moins présent.
Trois manières de donner à voir, entendre, sentir... percevoir un propos et pouvoir partager autour d'eux. En effet l'objectif est d'avoir un temps de rencontre et d'échange avec le public. »
Sur le plateau, une femme tisse sur sa main des motifs entrelacés, déroulant une longue bobine de fil blanc. Au loin, encadré par une paroi translucide, comme tapi dans sa caverne, un visage l'observe. Deux figures franchissent l'obscurité et leur rencontre, leur dialogue, leur lien, mais surtout leur trace laissée, vont composer les mots d'une délivrance.
Elle, ce pourrait être Ariane qui nous invite à descendre le long de son fil au cœur d'un labyrinthe intérieur, celui du traumatisme. Ce pourrait être également Pénélope, femme d'Ulysse, qui retarde le deuil d'un homme disparu, tissant le jour, effilant la nuit. C'est encore la femme araignée, hypnotique et musicale, dont la danse charme, attire, et captive sa proie. C'est Arachné, artisane trop orgueilleuse qui se vit transformer en araignée, tout entière dévouée à son talent.
Car de métamorphoses, de signes et de mythes, il en est question dans ce spectacle. De l'animal à l'homme, de l'obscurité des origines à la construction de l'existence, c'est avec Lui que nous déroulons une à une les étapes d'une résilience. Si le traumatisme est le thème sous-jacent, il se décline en de multiples variations autour d'un même fil : le lien qui nous unit à l'autre – qu'il soit langage, parole, signes tracés ou contact, toucher, danse partagée.Comment tisser de nouveau les liens qui nous rapprochent des autres et de nous-mêmes ?
Voir 4 âges différents de la vie, parcourus dans un même lieu : l'hôpital. 4 destins s'enchevêtrent à ne plus savoir s'ils ne forment qu'un. 4 blessures suggérées pour ne pas montrer, ni les faits, ni les effets. 4 corps scarifiés, sans visage, juste un unique regard vide. Aucun mots prononcés compréhensibles, juste des bruits d'univers familiers se confrontent aux images pour mieux révéler la cruauté, une innocence, une fatalité...